Dure matinée

Le jour venait juste de se lever, quand l’elfe arriva devant la cité, on pouvait voir les rayons du soleil éclairer une partie du poste de garde de Valinor.

L’elfe passait régulièrement devant la cité, mais ne s’arrêtait jamais car elle était à l’abandon depuis fort longtemps. Cependant ce jour là il vit de la fumée sortir de la cheminé de la taverne, une faible fumée blanche flottait dans le ciel. Il conclu donc que quelqu’un ou quelque chose y avait trouvé refuge.

Il descendit de sa monture pour allez voir de plus près de qui il s’agissait. Il sortit sa lame de son fourreau d’une main, et de l’autre il tint les rênes de son cheval. Il avancer prudemment en scrutant tous les endroits encore sombres, ou ceux qui paraissaient dangereux.

Arrivé devant les grandes portes, il commençait à les pousser quand, brusquement, il vit sortir sur sa gauche une horde de brigand, surement attirés là eu aussi par la fumée.

Il fit entrer son cheval à l’intérieur de la cité, et au moment d’entrer lui aussi, une flèche se figea juste devant sa tête. Il sortit son arc, tira, et toucha son adversaire en pleine poitrine. Puis il tint à distance les brigands en tirant des jets sur tous ceux qui s’approchaient trop près de lui.

Cependant certain avais eu le temps de le contourner, et il fut attaqué dans le dos. Il lâcha son arc, sortit son glaive de nouveau, et commença une passe d’arme avec ces agresseurs. Les 2 premiers furent mis à terre rapidement, mais le groupe devenait de plus en plus important. L’elfe sauta alors d’un point à un autre avec une telle vitesse et une agilité remarquables, et cela scinda le groupe ennemi en plusieurs morceaux, qu’il put plus facilement mettre en déroute.

Mais malgré tous, il se trouva rapidement encerclé, il réussit encore une foi à briser leur attaque mais fut contraint de se retourner vers la cité : Il était pris au piège, devant lui les brigands et dans son dos le mur d’enceinte de la citée. Il voulut gagner la porte, mais dut abandonner rapidement cette idée, à cause du nombre d’ennemis.

Soudain les brigands se stoppèrent : un homme imposant sortit du lot et parla :

- Tu es à notre merci elfe, ouvre-nous les portes de la cité et aucun mal ne te sera fait. Tu as ma parole d’homme !

Darad attendit quelque seconde, puis d’une voie calme lui répondit :

- Il faudrait d’abord que tu sois un homme pour ça et pas une personne de ton espèce ne rentrera dans cette citée de lumière. Si ses portes on était bloquées pour vous autres, c’est que vous ne méritez pas de pouvoir fouler son sol.

A peine avait-il fini sa phrase qu’il ramassa son arc et tira une flèche qui se planta juste entre les pieds du colosse.

- La prochaine finira entre tes yeux, dit toujours calmement l’elfe.

Mais l'attaque vint d'ailleurs... tandis que dans l'air l'écho du cor se faisait encore entendre, la lumière fut traversée par une boule de feu qui, tournoyant un peu sur elle-même, fondit aussitôt vers le sol.

Une fraction de seconde plus tard, le phoénix, toutes serres dehors, avait labouré la poitrine des assaillants sans pour autant les occire...

- Pourquoi exiger ce qui peut être demandé avec courtoisie leur dit-il tout en se posant devant ses deux compagnons... ?

Les brigands étaient tombés à genoux. Ainsi donc la Cité n'était pas aussi désertée qu'il y paraissait... Pire encore, la légende mentait : le phoénix n'y avait pas trouvé la mort, il était encore là et pourtant... pourtant quoi qu'il ait pu facilement les vaincre, il n'avait fait que les effleurer et déchirer leurs vêtements!

Alors, l'oiseau de feu reprit apparence humaine...

- Non point la magie, dit-il mais bien la cohésion... La lumière contre les ténèbres. Appelle donc tes effectifs lança-t-il au chef des assaillants et combattons d'hommes à hommes.

Ceux qui étaient cachés sortirent  à la vue de tous, ils était une demi douzaine... Et Mélanos sourit.

Puis, dans un langage que seul VEPO pouvait comprendre, il ajouta...

- Puisse le miracle s'accomplir... Puisse Doudougaël d'Arcan surgir de l'oubli, et reprendre les armes à nos côté...

Puis il pensa que le nom même du roi avait été effacé... mais, ébauchant un autre sourire il ajouta... "ce qui a été occulté peut-être réécrit... j'en appelle à la lumière de Valinor... Mon fils, si tu le veux, à présent tu peux sortir de l'ombre."

Alors, il recula de deux pas, sortit aëlaig, son épée et, se plaçant entre les deux guerrier il s'écria : pour la gloire passée et à venir : tous unis comme des frères! Sus à l’ennemi!

- Quelque soit le prix, je le payerai murmura le phoénix... puis il s'inclina devant le créateur...

Alors, oubliant toute décence, il se précipita dans les bras de son ami, de son fils bien-aîmé.

Cette fois il ne trouva pas les mots mais les larmes qui glissèrent sur son visage furent bien plus éloquents...

- Fidèle d'entre les fidèles, pensa-t-il nous n'étions que des errants et nous voilà déjà quatre... Nombreux sont encore ceux qui manquent mais mon espoir grandit d'instant en instant...

Le brigands allaient s'élancer mais une force invisible les retient...

- Ne vous a-t-il pas dit de vous battre comme des hommes et non comme des lâches leur souffla-t-elle?

Alors, tandis qu'ils reculaient, la voix de Mélanos s'éleva à nouveau, claire comme de l'eau de roche et s'écria :

- Flinn! Mon ami, notre égal, j'en appelle à ta fidélité! Montre-toi, tes amis et ta cité ont besoin de toi!

Doudou se plaça juste devant celui qu'il avait toujours protégé et c'est ainsi que se forma le premier peloton défensif que Valinor ait connu depuis de nombreuses années... Deux Teleri et deux Vanyar... il ne manquait plus qu'un Noldor et tous ceux qui, par amour de la lumière, déciderait de se joindre à eux...

Doucement la main de Mélanos se posa à tour de rôle sur l'épaule de chacun de ses compagnons et, leur ouvrant ses pensées, il leur montra à quel point il les avait toujours aimé...

- Si seulement Arthurius le révolté, Arthurius le bien-aimé de Tyrée... si seulement Fléau le démon de lumière entendaient eux-aussi mon appel...

Un oiseau chanta au dessus de leur tête et Mélanos su que son appel avait été lancé et que tôt ou tard il serait entendu

HRP : je vous en prie, laissez le temps à chacun de réagir en fonction de sa vraie vie et de ses obligations personnelles, il y en a ici qui sont papa ou maman, qui ont des vies contraignantes... l'impatience fut l'un des fléaux qui précéda la chute de ces lieux : faisons en sorte d'apprendre de nos erreurs et de ne pas les répéter

Mélanos avait regardé avec attention chaque geste accompli par les siens... Il sentait dans l'air le souffle lourd qui pesait sur l'ennemi l'empêchant toute avancée tant que...

Tant que quoi?

Le phoénix n'avait aucune certitude mais il avait tant d'espérances...

Avec tendresse il regarda le colosse qui soulevant Paolas le soutenait bien plus par la force de l'amitié que par celle du corps... et il regarda aussi l'elfe... ce brave qui avait affronté de nombreux ennemis pour protéger une cité que tous croyait morte...

Mais le phoénix s'enfonça encore un peu plus dans son silence...

Soudain, il n'y eut plus un seul bruit, plus un seul murmure, plus un seul chant d'oiseau... pas même le doux frémissement du vent caressant le sommet de la plus haute tour du poste de garde...

Et, avant de percevoir la voix qui prononçait son nom il su qu'il avait été entendu...

- Mélanos sussurait Aracelis...

- Douce fleur de la Cité, murmura le vieux phoénix à l'encontre de la seconde reine des Vanyars, ainsi donc vous avez entendu mon appel...

Jetant un rapide coup d'oeil à son très cher fils et à ses deux compagnon, il leur ouvrit son esprit... Faites front, pensa-t-il... attendez ceux qui encore viendront... L'espoir nous appelle et je le ramènerai...

Puis, avant qu'un seul d'entre eux n'ait pu lui répondre, il posa sa précieuse épée aux pieds de son fils et, précipitant sa transformation, il prit son envol vers les lointaines terres de Zarinos.

- Armez-vous de votre douceur mais aussi le votre glaive Oh, ma Dame, car la Cité se relèvera par le sang des ténèbres et l'amour de la lumière... Je vole vers vous ô fleur des Vanyar... Plus vif que le faucon je suis déjà à votre fenêtre...

Le feu n'était pas encore éteint dans la cheminée que déjà il se dressait devant elle, se transformait à nouveau pour aussitôt ployer le genou et déposer sur sa main délicate la douceur de ses lèvres...

Alors, plus doucement qu'il ne l'avait fait aux portes de la cité, il se transforma à nouveau en oiseau et, tandis que derrière un grand voile, Dame Aracelis revêtait son armure et ceignait son épée, il prit la plus dure décision qu'il eu jamais à prendre au fil de sa longue vie :

Faisant appel à toute sa volonté, il invoqua, avec douleur et chagrin, cette partie de lui même qui, en d'autres lieux,  veillait la statue qu'il chérissait entre tous et il murmura à l'encontre de celle qui était encore vivante dans la pierre mais qui ne pouvait peut-être plus l'entendre :

"Oh Gothia, ma Reine, pardonne-moi : divisé je ne puis rien... ni pour toi, ni pour la cité... Il me faut laisser ton chevet et ramener la lumière dans ce qui fut ton domaine du temps où tu courrais encore, cheveux au vent, main dans la main avec ton futur époux Odysseas!"

C'est ainsi que son double se fondit en lui, gardant des bras, là où lui, n'avait désormais plus que des ailes... et lorsque Dame Aracelis  revint à ses côtés, il la prit doucement dans ses bras et, plongeant son doux regard d'homme, et celui bien plus vif du faucon, dans ses yeux emplis de larmes, il lui dit...

- Nayez crainte, O Fleur des vanyar...

La blancheur de la cape et l'argent de l'armure d'Aracelis resplendirent dans les rouge vif et l'or des flammes de l'oiseau.

Alors, sans plus attendre, il prit son envol, pointant vers le soleil levant à la vitesse d'une étoile filante.

Le soleil n'était pas encore entier à l’horizon lorsqu'il se posa juste devant ses amis réunis.

A la vue de ce prodige certains malfrats tombèrent à genoux, d'autres murmurèrent, d'autres encore hurlèrent... Mais ce que Mélanos avait vu, de son regard perçant, c'était le groupe nettement plus important qui se terrait dans les broussailles.

- Flinn, Fléaux, Arthurius lança-t-il une nouvelle fois vers le ciel avant de déposer son précieux fardeau, pour la gloire passée de Valinor et pour celle à venir, je vous implore : entendez mon appel! Que sonne le cor encore et encore!

Alors, seulement alors, il replia ses ailes enflammées, releva sa tête à la longue chevelure flamboyante sur laquelle était posé le casque vivant du faucon et, tendant ses bras d'homme, il posa doucement la Fleur des Vanyar entre les mains du roi colosse...

- Je vous avais promis l'espoir... murmura-t-il à l'encontre de ses compagnons... je vous rapporte celle qui mania toujours bien mieux la compassion et l'amour que l'épée et la lance... puis, il regarda Darad il lui dit : mon ami, voici Dame Aracelis la Fleur de Valinor... ensuite il regarda Paolas et ajouta... te souviens-tu de ta reine, oh mon ami?

- Mon ami, mon fils, poursuivit-il... je vois ici trois vanyar et deux Teleri... où diable sont passé les Noldor?

Sans attendre il fit volte face et gronda...

- La main qui vous retient est bien plus puissante encore que le créateur dont vous avez entendu la voix! Gémissez, tremblez car lorsque vous entendrez aussi la sienne, vous serez libres d'attaquer et de vous embrocher sur le fil de nos épées! J'en appelle à toi Destin! Si demain à l'aube, nul ne nous a rejoint, désserre ton étau et laisse-nous combattre!

C'est alors que, dans un ciel sans pluie ni nuage, arrivant des points cardinaux, quatre gigantesques éclairs se rejoignirent juste au dessus de la Cité puis, d'un seul mouvement ils traversèrent le ciel et se perdirent aux confins de l'univers...

Et Mélanos su que Destin le premier des créateur avait approuvé sa requête : à l'aube du jour à venir, il relâcherait son emprise et laisserait à chacun, hordeux ou lumineux, le droit de choisir son destin.

Par les portes de l'enfer ! Ce lieu est bien plus sinistre que les grottes lugubres dans lesquelles nous nous sommes abrités cet hiver... Nous en sommes sortis poussés bien plus par la faim que par l'attrait de l'or... mais s'il y a de l'or à prendre, pour sûr, je ne cracherais pas dessus quitte à massacrer quelques voyageurs!

Des voix venues d'on ne sait où ont semé la panique parmi mes hommes... pourtant ils en ont vu bien d'autres... Quant ‘à moi, je frissonne encore à l’abri de l'arbre derrière lequel je me suis mis à l’affut en attendant le moment propice pour lancer une attaque... mais, par tous les dieux, quand il est venu ce moment, une main puissante et invisible a empêché mes hommes d'avancer... ! Par les sabots de Lucifer, il ne manquait plus que ça !

Depuis ce violent coup qui, jadis, m'a laissé dépourvu de mémoire et en proie à de violents maux de tête, ma vie n'est que douleur, colère et sang! J’ai, en moi, une haine que je ne saurais expliquer... Des mots, des noms, des images surgissent parfois du brouillard mais je ne les comprends pas : c'est comme si quelqu'un d'autre avait vécu en moi avant moi...

Il y est question d'une reine... dont je ne sais rien, d'une tombe dont j'ignore le lieu... d'une cité dont je ne sais ni le nom ni l'emplacement… Mais qu'importe ? Au diable les souvenirs d’un mort ! Ils ne remplissent ni la panse, ni la bourse!

Quant j’y pense, je me dis que j’ai tout de même eu une bonne étoile car ceux qui m'ont découvert et soignés pour faire de moi un esclavage, je les ai tous vaincus il y a quelques années...

Les imbéciles ! Ils me croyaient à leur merci, brisé, soumis mais, en fin de compte, c'est moi qui les ai dressés à coup de lance et d'épée… Il faut dire qu’en m’échappant, après avoir brisé mes chaînes à coup de pierre, un drôle de sentiment m'a guidé vers la tente de leur chef… là, il y avait une lame étrange où scintillent, la nuit, de curieux caractères dont je ne sais rien… et pourtant à en croire mes hommes, ils les ont retrouvées toutes les deux à côté de moi quand ils m’ont découvert, le crâne fendu et le visage à moitié défiguré : un coup de hache sans doute.

Leur chef, ce vieux bouc puant (mais drôlement puissant pour son âge) m’a donné un peu de mal, je l’avoue. Il s’est bien défendu l’animal : n’empêche que je lui ai collé une raclée en bonne et due forme : après quelques passes d’armes, il m’a suffit d’un petit coup du tranchant de la lame pour qu’il hurle comme une truie qu’on égorge. Ca m’a collé un de ces maux de tête… et quand j’ai mal la tête, je deviens enragé.

Alors forcément j’étais en rogne quand les autres ont rappliqué. Ils ont hésité en voyant le lascar à mes pieds, je leur ai dit :

- Je vous préviens les gars, je ne suis pas d’humeur alors, à qui le tour ?

J’en ai massacré trois ou quatre, juste pour que les autres n’oublient pas, à l’avenir, de me respecter et j’ai laissé la vie à ceux qui m’acceptaient pour chef. Faut dire qu’après avoir réglé leur compte aux trois plus baraqués, je n’ai eu aucun mal à me faire obéir : je les dépasse tous d’une tête et demi et je suis plutôt du genre à agir avant puis causer ensuite…

Ils ont peur de moi, tant mieux pour eux… mais je suis juste dans le partage du butin : c’est chacun sa part : c’est pas comme du temps de leur ancien chef qui leur raflait tout et ne laissait sur la table que des miettes ou, en cas de réclamation, la tête tranchée du mécontent.

Pas moyen, donc de lancer l’attaque… je peste mais à quoi bon me faire repérer ? J’en suis presqu’à me dire que, tout compte fait, on pourrait tout aussi bien aller voir ailleurs quand, sortant de je ne sais où, un gaillard quasi aussi baraqué que moi s’avance vers un drôle d’oiseau de feu tombé du ciel et qui, le temps d’un battement de cil, s’est transformé en un homme à la peau tannée, aux cheveux d’un blond roux étincelant dont la voix gronde comme celle d’un orage…

Et puis v’la ti pas que celui qui est venu de l’intérieur de la cité s’étale de tout son long pendant que le premier reste là la bouche ouverte, visiblement aussi dépassé par les évènement que moi. Si encore j’avais bu de l’hydromel, je comprendrais ces visions mais ça fait des jours qu’il n’y a plus rien à boire ni à manger au camp !

Enfin, bref, je sens venir le mal de tête et voilà que, tout à coup, le rouquin devient un oiseau, puis une torche, puis une étoile filante tandis que cette foutue main invisible nous empêche d’avancer et de reculer !

Je finis par me dire que je dois avoir halluciné (ça fait parfois cet effet la faim) et ma tête commence à me faire moins mal… quand, tout à coup, la comète réapparaît en plein lever de soleil, puis elle se transforme en… en… en homme avec un bec d’oiseau et des ailes dans le dos. Mais ce n’est pas tout ! Voilà que cette… heuu… cette… beinnnn… cette « chose » dirons-nous, dépose une donzelle en armure dans les bras du fameux colosse qui d’après ce que j’ai pu entendre était soi-disant mort !

Et, comme si ça n’était pas suffisant ce « je-ne-sais-quoi » plein de plumes et de cheveux s’époumone, et vocifère en invoquant un dieu que je ne connais pas mais qui doit tout de même exister car, en réponse à ces cris, il envoie des éclairs venus de l'est, de l'ouest, du Nord et du Sud qui se rejoignent et s'élèvent dans le ciel dans un fracas d’enfer... A propos, depuis quand la foudre monte-t-elle donc au lieu de descendre ?

Et ma tête ! Ma tête…

J’en couperais bien moi des têtes... en commençant par la mienne si seulement je pouvais bouger !

Mélanos ne voulait pas de combat... et Doudou l'avait bien ressentit. Cependant il en ignorait le pourquoi...

Mélanos ne voulait pas que les ténébreux soient massacrés... et Dodou d'Arcan l'avait senti aussi... Mais il ignorait aussi le pourquoi...

Alors, tandis qu'il s'interrogeait, le phoénix lui envoya une image mentale et il vit ce qu'il redoutait et espérait à la fois.

Plus que par les armes, la rédemption de la Cité devait passer par la lumière : parmi les hordeux, empli de haine et de confusion il y en avait un qui était cher au coeur du vieux phoénix... Un qui ignorait tout de son passé et qui connaissait encore moins ses véritables attaches avec la cité...

Alors, le colosse vit avec une grande précision un autre colosse, en armure resplendissante, un fier général, futur époux d'une reine aujourd'hui disparue... dans son souvenir il chevauchait une étrange monture, reine elle aussi d'une race en voie d'extinction... et Doudougaël d'Arcan su alors pourquoi Mélanos avait fait appel au savoir guérisseur de la douce Aracelis et non à son épée... L'âme errante ne pouvait être détruite : bien au contraire elle devait être ramenée à la vie, à SA vie...

Cette lutte était certes destinée à protéger la cité de l'invasion... mais son sens premier était de ramener à Valinor ce qui qui appartient à Valinor... quitte à braver, pour cela, les flammes de l'enfer.

- Tu sais qui il est, entendit-il dans ses pensées... que ta main droite l'empêche de nous nuire mais que ta gauche le protège jusqu'à ce qu'il se souvienne qu'il fut l'un des nôtres : un brave parmi les braves...

La voix allait ajouter quelque chose lorsque des éclairs zébrèrent le ciel une nouvelle foi et, sortant d'on ne sait où, une voix tempêta...

- Ainsi donc grondais-je à l'encontre de celui qu'on nommait aussi poussière d'étoiles, tu as osé exiger de moi ce que nul mortel n'oserait même me demander à genoux...

Je le regarde, debout entre les hordeux et la poignée d'ami qui lui reste et je sais pourquoi son coeur saigne. Je pourrais l'anéantir d'un seul éclair mais je n'en ferai rien...

- Ta cité et cette âme errante sont les seuls objectifs de ta trop parfaite humanité toi qui fus conçu pour juger et non pour prendre le parti des mortels... Les créateur sont en colère mais moi, le premier d'entre eux, j'aime le courage... J'aime la volonté de cette poignée de guerriers qui donneraient tout pour te suivre et défendre ces ruines... tout comme toi tu donnerais ton âme, ton coeur, ton sang pour le plus petit d'entre eux... même ce hordeux que tu as reconnu parmi les ennemis... Ceux que tu as appelés n'ont pas encore tous répondu : il eut été plus sage de ne point exiger que ma main libère les ténébreux. Mais telle fut ta décision... qu'il en soit donc fait selon ta volonté ô Mélanos!

Mes éclairs recouvrent le ciel, se déchaînent et d'un seul coup, tandis que ma main puissante libère le mauvais de mon étreinte, le silence se fait à nouveau... Mais avant de les abandonner à leur sort, j'ajoute avec un peu plus de douceur :

- je suis Destin... et je vous donne à tous le droit et le devoir d'accomplir votre destin! Mais toi, Phoénix tu m'es redevable et tout comme les créateurs, viendra le jour où moi aussi j'exigerai mon dû.